Vers une alternative aux licenciements économiques sur un même territoire grâce au dispositif « transitions collectives » et au « prêt de main d’oeuvre »
Alors que nous entrons dans une nouvelle période de confinement sur ce mois d’avril 2021, plus que jamais de nombreuses entreprises se demandent comment elles vont réussir à passer le cap ?
Sur de nombreux territoires et en Haute-Savoie en particulier, la situation est paradoxale car coexistent des entreprises en difficulté voire qui ont engagé des procédures de licenciements (plans de départs volontaires, PSE en particulier dans le secteur de l’aérien et ses sous traitants mais aussi du tourisme) tandis que d'autres résistent bien voire se développent.
Si les aides de l’État notamment sur le chômage partiel permettent de tenir, il y a fort à craindre que les entreprises, en particulier celles qui ont du personnel, ne puissent pas faire autrement que se séparer de leurs salariés pour ajuster leur organisation à leur activité au moment où les aides publiques s’amenuiseront.
Il existe pourtant des solutions pour éviter les licenciements, qui permettent de sécuriser les transitions professionnelles des salariés sur des postes menacés.
1/ Le dispositif « Transitions collectives » opérationnel depuis le 15 janvier 2021 dans toute la France.
2/ Le prêt de main d’œuvre à but non lucratif (appelé aussi le détachement de salariés)
Avec la crise actuelle, nous avons pris l’habitude de considérer comme une conséquence « normale » l’annonce de licenciements ou de suppressions d’emplois parfois massifs (+ de 5 000 suppression d’emplois chez Air France par exemple, 2 000 chez Danone….).
L’humain, les salariés restent bien souvent la variable d’ajustement des difficultés des entreprises.
Il est vrai que les dispositifs comme le CSP -Contrat de Sécurisation Professionnel- mis en place par Pôle Emploi pour les licenciés économiques sont efficaces : ils couplent un accompagnement renforcé du demandeur d’emploi avec une rémunération s’élevant à 90 % de ce qu’il touchait dans l’entreprise pendant 1 an.
Pourtant, avons-nous mesuré l’impact d’un licenciement économique pour une personne ?
D’après l’Insee, la durée moyenne au chômage d’une personne licenciée économique s’élève à 20 mois en 2019. On imagine aisément qu’avec une telle moyenne, certains rebondissent au bout de 6 mois et d’autres, notamment les moins qualifiés ou les plus de 50 ans pas avant 2, 3 ou 4 ans.
Le chômage a également un impact sur la vie personnelle, la vie de famille et la vie sociale du licencié économique. Avec le chômage, c’est toute une vie qui s’effondre et des problèmes, surtout dans un contexte de crise, qui s’accumulent.
Dans cette période et eu égards aux montagnes d’argent dépensées depuis 1 année maintenant, n’y aurait-il pas des moyens d’envisager une autre manière de gérer l’emploi en temps de crise ?
Ne pourrions nous pas imaginer des systèmes de transitions sécurisées qui permettraient à un salarié de changer de métier ou d’exercer son métier dans une autre entreprise ou un autre commerce sans passer par la case « chômage » et ses conséquences ?
C’est tout l’enjeu du dispositif « transitions collectives » de proposer une alternative aux licenciements pour les salariés dont le poste est menacé et qui veulent se reconvertir.
« Transitions collectives », nouveau dispositif co-construit avec les partenaires sociaux dans le cadre du plan France Relance, permet aux employeurs d’anticiper les mutations économiques de leur secteur et aux salariés d’être accompagnés pour se reconvertir de manière sereine, préparée et assumée.
Il vise à favoriser la mobilité professionnelle, en particulier intersectorielle, et les reconversions à l’échelle d’un territoire.
L’État finance tout ou partie du projet de reconversion en fonction de la taille de l’entreprise. La rémunération et la formation des salariés sont prises en charge à hauteur de :
L’entreprise est accompagnée dans la mise en place du dispositif par les acteurs du territoire (Direccte, associations Transitions Pro, conseil en évolution professionnelle, opérateurs de compétences pour les TPE et PME plus particulièrement).
Vous pouvez en bénéficier si vous êtes :
À l’issue de son parcours de formation, le salarié s’oriente vers un métier porteur de son territoire, en évitant une période de chômage.
Si vous êtes intéressés par ce dispositif, vous pouvez contacter soit votre OPCO, soit l’association Transition Pro au 04 72 82 50 50 .
Le prêt de main d’œuvre communément appelé le détachement de salariés est une autre innovation pour les entreprises qui veulent éviter les licenciements économiques.
Si "transitions collectives" va s’adresser aux salariés dont le poste est menacé et veulent se reconvertir, le prêt de main d’œuvre va s’adresser à ceux qui ne veulent pas se reconvertir (au moins immédiatement) mais veulent poursuivre leur métier.
Le prêt de main d’œuvre dont l’État a fait une large promotion depuis le début de l’épidémie de COVID comporte de nombreux atouts pour les entreprises en difficulté, les salariés volontaires et également pour l’État qui grâce au prêt de main d’œuvre peut mobiliser moins de chômage partiel. Il permet sur un même territoire de rapprocher les entreprises en difficultés de celles qui recrutent.
En Haute-Savoie, ce dispositif a été expérimenté depuis 10 ans avec le soutien de l’État, du Conseil Régional et l’implication des partenaires sociaux. Il a abouti à la création du dispositif MODEL animé par la société Sirac.
Vous retrouvez ci-après une vidéo de présentation du dispositif MODEL.
https://www.youtube.com/watch?v=HdvFhNBwLMM
Le contexte actuel donne l’occasion de mettre en œuvre le prêt de main d’œuvre et de l’accompagner comme une solution pour préserver des emplois, éviter des licenciements et sécuriser des parcours professionnels.
Le détachement de salariés est effectivement un dispositif 4 fois gagnants :
Gagnant pour l’entreprise en difficulté :
Gagnant pour l’entreprise qui accueille le salarié prêté :
Gagnant pour le salarié :
Gagnant pour l’État et la société :
Si vous êtes intéressés par ce dispositif, vous pouvez contacter soit SIRAC sur Annecy au 05 50 23 66 64, Mallory Mermin soit l’ARACT -Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail au 04 37 65 49 70
La crise économique et sociale qui s’annonce est une occasion pour inventer des formes nouvelles de sécurisation des parcours professionnels des salariés.
L’État et les partenaires sociaux en inventant « transitions collectives » innovent en proposant un parcours sécurisé pour les salariés dont le poste est menacé qui souhaitent se reconvertir.
Le prêt de main d’œuvre apporte une solution complémentaire pour les salariés dont le poste est menacé mais qui ne souhaitent pas se reconvertir en leur proposant une transition professionnelle sécurisée dans une entreprise locale de leur bassin d’emploi.
Faisons connaître ces innovations auprès des employeurs et démontrons qu’il existe des alternatives aux licenciements économiques.
Article rédigé par Baptiste Dumas, gérant, SIRAC Services